Calendriers des Anciens

Vestiges de l'ancienne connaissance




1ᵉʳ Août

Lugnasad

(image : coucher du soleil le 1ᵉʳ août dans l'axe du Trianon à Versailles – extrait du livre "Versailles, l'autre histoire")


Lugnasad : L’assemblée de Lug, la fête du Dieu Roi

Lugnasad a lieu le 1er août. C’est la quatrième et dernière fête majeure du calendrier celtique. Elle a lieu 40 jours après le solstice d’été.


Il s’agit de la fête du roi, dans son rôle de redistributeur des richesses et d’équité, sous l’autorité des druides. C'est une trêve militaire qui célèbre la paix, l’amitié, l’abondance et la prospérité du royaume. Elle est obligatoire et réunit les trois classes (sacerdotale, guerrière et artisanale) de la société celtique. (Wikipédia)


Nous avons précédemment abordé la division du calendrier celtique. Pour présenter Lugnasad, nous allons regarder l’organisation de la société celte et son lien avec ces quatre grandes fêtes. Vous pouvez aussi visionner les épisodes liés à ce thème sur le calendrier celtique.


Divisions cardinales

Dans le calendrier celtique, Lugnasad est le début du 10ème mois. Samhain marque le début de l’année, donc le 1er mois (novembre),

Imbolc, le début du 4ème mois (février),

Beltane, le début du 7ème mois (mai).

Lors de la présentation de la fête d’Imbolc (lien de la page), nous avions présenté la théorie de l’organisation de la société celtique en trois domaines d’activité :

- Religieux

- Guerrier

- Productif

Lugnasad serait le moment de rassemblement des trois parties de la société, unies par la présence du roi : la fête du roi, qui réunit les trois castes


Qui est Lug ?

Lug est une divinité celte associé à la lumière stellaire.

L'importance de Lugos, Lugus en Gaule et dans les régions anciennement celtes est attestée par un certain nombre de toponymes dont les plus connus sont Lugdunum (Lyon) et Laon en France, Legnica en Pologne ou Lugano en Suisse (canton du Tessin).

Lug est par essence rétif au classement tripartite et "bénéficie d'une indépendance fonctionnelle héritée". Il est au-dessus car il peut assumer toutes les fonctions (il est le dieu-roi).


(image : Relief du Dieu à trois visages Lugh provenant du Nord Est de la Gaule)


Une même organisation ?

Cette théorie des fonctions tripartites indo-européennes a été mise en évidence par Georges Dumézil (philologue, historien des religions et anthropologue français du début du 20e siècle) à partir de la mythologie comparée. La tripartition, ou les fonctions tripartites indo-européennes, sont une forme d'organisation commune aux sociétés d'origines indo-européennes. Ces sociétés distinguent l'activité en trois fonctions politiques, exercées comme des pouvoirs séparés et hiérarchisés. L'organisation de la société selon ces trois fonctions primordiales est commune à tous les peuples indo-européens, qu'ils soient Grecs, Arméniens, Celtes, Indo-iraniens, Baltes, Germains, Slaves ou Latins.

Exemple - la théorie des ordres d'Adalbéron de Laon (977-1030) :

« ceux qui prient » (oratores),

« ceux qui combattent » (bellatores)

« ceux qui travaillent » (laboratores)

Et aujourd'hui ?

L’organisation de la société en trois parties semble avoir été maintenue, consciemment ou inconsciemment dans l’Histoire. Le clergé, la noblesse et le “tiers-état” ont perduré. Dans l’Histoire, à certaines époques, les parties du clergé et de la noblesse se sont associées. De nos jours, le pouvoir n’est plus issu du mérite guerrier.

En premier, se relier

La première fonction, dite fonction sacerdotale, est liée au sacré. Elle vient en premier car sa fonction est traditionnellement considérée comme au sommet de la hiérarchie des fonctions.

On la retrouve avec les druides celtes, la classe des brahmanes hindous, les prêtres égyptiens et sumériens, les flamines romains...

Ensuite, protéger.

La deuxième fonction, dite fonction guerrière, est liée à la défense du peuple.

On peut la considérer comme regroupant ce que l'on appellerait la noblesse d'épée, représentée, par exemple, par les chevaliers médiévaux, les guerriers, les soldats. La noblesse s’acquiert par le mérite mais dans certaines cultures et époques, aussi par le sang, c’est-à-dire par l’hérédité.

Le guerrier devient roi

On retrouve cette fonction dans la seconde classe dans l'hindouisme : les kshatriyas.

C'est au sein de cette fonction que l'on retrouve aussi le principe du Chef, du Roi, du Raja.

Dans la Rome antique, pour être empereur, il faut avoir été sénateur, et pour cela être citoyen romain. Pour être citoyen, il faut avoir été soldat, donc guerrier.


(image : L'empereur Hadrien en vêtements grecs - Temple d'Apollon à Cyrène. Vers 117-125 ap. J.-C.)

Marc’h et le cheval

Le roi Marc'h est présent tant dans les textes médiévaux que dans les traditions orales récentes. C'est un roi d'Armorique, dont l'originalité est d'avoir des oreilles de cheval. Il partage ce trait avec Eochaid en Irlande, un autre roi aux oreilles de cheval,

Selon Gaël Milin, les oreilles équines ne sont pas une marque de honte, mais une preuve de sa légitimité souveraine, symbolisme partagé dans tous les pays celtiques.

Chez les Celtes, la fonction du Roi est d'assurer l'équité.

Or, équité vient du Latin aequus => a-equus => le non-cheval

L'équité est donc la maîtrise des impulsions (égoïstes) du cheval.

(image : King Mark of Cornwall, par Howard Pyle)

Enfin, prospérer

La troisième fonction, dite fonction productrice, est liée à la fécondité.

Elle regroupe les agriculteurs, éleveurs, artisans, et les commerçants. Elle correspond à la troisième classe de l'hindouisme : les vaisya (aussi - ârya), et aux divinités liées à la paix, à la beauté physique, aux récoltes, aux troupeaux, à la prospérité, à la richesse et au grand nombre, à l'amour et la sensualité.


(image : Viticulture et vinification dans l'Égypte antique.)

Une quatrième fonction

Le roi a principalement un rôle de conservation autoritaire de l'ordre social, associant les fonctions de premier juge, de chef de guerre et de garant de la cohésion d’une société. Il est extérieur aux ordres, aux partis ou aux classes sociales qu'il a pour fonction de maintenir en équilibre. Ainsi, en France, le roi n'appartenait ni au clergé, ni à la noblesse, ni aux intérêts économiques, et ne représentait spécifiquement aucune de ces forces.

D'ailleurs, la notion de roi associe des pouvoirs politiques et sacrés, mais pas les pouvoirs religieux — qui restent du domaine de prêtres, de mages ou de sorciers —, ni le pouvoir de faire ou de changer la loi et les coutumes.


(image : Qin Shi Huang, premier empereur de Chine.)



L'esprit égyptien

Représenté comme un oiseau à tête humaine, le ba en Égypte est l'énergie de communication, de transformation et de déplacement de chaque personne.

Quand un dieu intervenait dans des affaires humaines, on disait que ses baou (pluriel de ba) étaient au travail.

A cet égard, le roi pouvait être considéré comme le ba d'un dieu.

(image : Statuette d'une âme-Ba sous la forme d'un oiseau à tête humaine couronnée d'un disque solaire)

Le sacre du roi

Au milieu du 8ème siècle l'Église affirme qu'elle doit donner la légitimité du pouvoir par le rituel du sacre. Le modèle est l'onction que reçut le roi David par Samuel dans l'Ancien Testament. Les Carolingiens ont obtenu le soutien du pape et de l'Église. Ils doivent en retour assurer leur défense.

(image : Couronnement de Pépin le Bref par François Dubois)

Une connaissance maintenue pendant des siècles

En 1687, Louis XIV fait construire le château du trianon

« J'ai fait Versailles pour ma Cour, Marly pour mes amis et Trianon pour moi. »

Howard Crowhurst a montré que l’axe principal qui traverse le Trianon est orienté sur le coucher du soleil le premier août. (lien la page du livre)


Ce palais est ouvert en son centre, et laisse ainsi le soleil traverser les arcades centrales du péristyle le jour de la fête du roi.

(lien vers la vidéo : la science secrète de Versailles)


(image : Le Grand Trianon vu des parterres par Jean Cotelle)